Athos Ourasi des Chasseurs d'Ombre, surnommé "la crevette" du fait de sa toute petite taille(c'était le plus petit de la portée) a quitté la Savoie et la France le 19 janvier 2006. Il a été adopté par une famille belge, avec un grand jardin, ayant déjà eu un Beauceron et un B.A. par le passé.
6 mois plus tard, Athos s'échappait et coupait le york du voisin en deux. Informée par mail, je conseillais d'urgence un diagnostic par un comportementaliste et des séances en club (6 mois, c'est jeune pour bouffer des yorks). Six mois plus tard le bonhomme s'échappait à nouveau et s'en prenait cette fois à des moutons (morsures au nez et aux jarrets). Interrogée sur la manière de l'empêcher de s'échapper à nouveau, je conseillais le collier de cloture électrique, solution palliative, et des séances en club et avec un éducateur/comportementaliste. Il m'a été signalé à ce moment qu'Athos passait 2m40 pour se sauver, et avait été déclaré "incontrôlable de manière définitive" par un "maître chien". Un chien d'un an incontrôlable, pour moi ça n'existe pas, et ce quel que soit son poids. A un an, un Beauceron est un bébé dans sa tête, surtout un mâle. En revanche il est vrai que si ses maîtres n'y parviennent pas, il est peu probable qu'ils y parviennent par la suite et c'est là que le chien devient dangereux. Etant plus facile à remettre dans le droit chemin à un an qu'à trois, j'ai proposé de reprendre Athos, mais y étant très attaché ils ont refusé.
Mi janvier ils m'ont contacté à nouveau. Monsieur souffre du dos, Madame n'arrive plus à tenir la "crevette" de 45 kg speed comme peut l'être un chien de travail, et la mort dans l'âme ils m'ont demandé de bien vouloir le reprendre.
Je suis allée le chercher ce 18 février, accompagnée par Rafaël (décidément, je vais en avoir pour des siècles de reconnaissance éternelle!), qui intervenait en qualité d'éducateur. Nous avons retrouvé Athos en gare de Soissons, sous calmants (acépromazine). Le bonhomme tirait comme un dingue de toute sa force (et il y en a) pour sortir de la voiture, on a du se mettre à 4 pour le faire descendre sans s'envoler avec lui...
Après signature des papiers et un café avec les désormais ex-proprios, nous avons repris la route direction Aulnay, club d'éducation qui a l'immense avantage d'être parfaitement bien cloturé. Collier étrangleur, longe de 40 mètres : Rafaël a appris à Athos quelles étaient les conséquences de tirer sur sa laisse. Plusieurs vols en marche arrière plus tard, Athos marche presque en laisse. Le point très intéressant c'est que malgré tous les coups de collier qu'il a pris, jamais Athos ne s'est retourné pour montrer les dents. Ce chien est un amour. Un amour de 45 kg, avec une tête de Rott, speed comme sa môman, fort comme un boeuf, qui n'a pas la moindre idée de ce que signifie un rappel ou une marche au pied, et est prêt à passer 2m40 de cloture pour se faire la belle et aller croquer du york.
Deuxième test : sociabilité aux chiens. Collier électrique en sus, muselière, on est allé se balader le long du grillage de l'entrepôt d'à coté gardé par deux chiens. Zip zip plus tard, Athos a compris que trop d'agressivité, ça picotait au niveau du cou... On l'a ensuite "lâché", harnaché comme un forçat, avec Maika, la chienne de Rafaël (la môman de Sénèque!). Après avoir essayé de la planter, avoir raté (foutue muselière, aie ça pique au cou,...), Athos a décidé enfin d'aller voir si c'était une fille ou un garçon, et a terminé sa séance, le museau collé aux fesses de la dame pas forcément ravie, inséparables!
Bref y a du boulot, Athos est trsè gentil mais très puissantet n'a aucune obéissance, il a besoin de quelqu'un qui aie beaucoup de temps à lui consacrer, de créer un lien avec cette personne, et cette personne doit bénéficier d'installations lui permettant de lâcher Athos sans qu'il puisse se sauver... Particulier : pas gagné.
Après une discussion avec Marie Claire, l'autre grand mère, j'ai bifurqué en direction de Nantes au lieu de Lyon. Suis arrivée à Loctudy vers 23h, et le lendemain à 8h on emmenait Athos chez un dresseur pro afin qu'il le teste. Le test s'est très bien passé, Athos a montré de l'intérêt au boudin, à la balle, l'a même pistée (il sait donc, si on le pousse, utiliser son flair), et j'ai cru lire dans ses yeux une immense joie d'être entre les mains de quelqu'un qui lui balance des coups de collier à chaque fois qu'il tire. Comme s'il était satisfait d'avoir enfin du répondant en face. Et toujours aussi gentil (quoiqu'un peu trop démonstratif).
Athos est donc resté en Finistère, il va être bossé quelques emps afin de pouvoir être présenté aux recruteurs de la gendarmerie. Le but serait d'en faire un chien de piste. Il pourrait ainsi bosser à longueur de temps, ce qui est tout ce dont il a besoin, jouer son rôle dissuasif avec sa tête de molosse, tout en étant parfaitement entretenu, et retenu dans des installations adaptées l'empêchant d'aller cartonner à tout va. La solution basse en cas d'échec, ce sera la sécurité, mais là c'est plus aléatoire, tout dépend du maître sur lequel il tombe.
Pour le moment, les entraînements se passent bien, Athos s'adapte à merveille à son nouvel environnement. A suivre.
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