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24 mars 2007

Dysplasie

Je plaide pour la transparence au sujet de cette saloperie, alors je commencerai par mon cas.
Les résultats de dépistage de dysplasie des chiots de Shamane et Owen sont catastrophiques : Astro est DD, Ada est EE avec un stade arthrosique avancé (elle a un an). Pour le moment aucun des deux ne boîte, signe que Ada supporte bien son arthrose, espérons que cela durera le plus longtemps possible. Evidemment les propriétaires prennent désormais les mesures qui s'imposent : pas d'effort long, limiter les exercices violents, muscler, conserver un poids léger, etc etc etc. J'attend avec angoisse les résultats des trois autres. Sachant que le mariage de deux chiens AA donne 25% de dysplasiques, j'espère que je les ai là, et que les trois derniers s'en tireront mieux. J'ai refait, dès connaissance de la radio d'Astro, les radios de Shamane maintenant âgée de presque 4 ans, sous anesthésie générale. La radio a été lue par mes soins, deux autres vétos, et finalement par un résident en chir de l'école véto de Lyon : ses hanches sont parfaites. Owen est B, mais n'a redonné jusqu'ici que des chiens indemnes, c'est donc ce mariage là qui vraisemblablement pose problème. Je ne suis donc pas rassurée non plus pour la portée suivante : Pandore x Owen, Pandore étant AB (B par un angle compris entre 100 et 105°).
Bastet a été dépistée hier à l'école véto de Lyon, selon la technique du "penhip", méthode américaine non reconnue en France pour cause de brevet américain qui interdit son utilisation. L'école véto peut l'utiliser à titre expérimental. Cela consiste à effectuer 3 radios sous anesthésie générale :
- une "classique" des hanches de face avec fémurs parallèles, rotules symétriques et au zénith, bassin bien symétrique,
- une en position forcée plaçant les têtes fémorales bien au fond des acétabulum, afin de vérifier leur bonne conformation et d'avoir le point de laxité minimal
- une en position forcée luxant au maximum les têtes fémorales, pour avoir le point de laxité maximal.
Un indice de distraction est ensuite calculé, entre ces deux dernières radios, pour évaluer la laxité de l'articulation. Il faut ensuite se référer à l'indice de la race, en effet certaines races supportent plus ou moins bien la laxité et développeront plus ou moins de dysplasie.
Il faut savoir que la laxité est un facteur déterminant dans la dysplasie, que son déterminisme semble reposer sur un seul gène, fortement héritable, et il a été prouvé que l'utilisation de reproducteurs avec des indices faibles (de l'ordre de 0,2) était rapidement amélioratrice vis à vis de la dysplasie de la hanche. Utiliser ce critère en sélection permettrait une avancée réelle dans ce domaine, que le dépistage actuel ne permet pas (trop de triche, trop de chiens sous diagnostiqués,...) Un autre intérêt de ce diagnostic précoce est de pouvoir intervenir chirurgicalement de façon précoce, bien avant que l'arthrose se mette en place, et de supprimer tout risque d'évolution. La propriétaire d'Ada aurait aimé en être informée plus tôt...
Pour Bastet, on attend la lecture finale par le spécialiste de cette méthode, actuellement en vacances, mais le diagnostic actuel est douteux : une des hanche est parfaite, l'autre moins et pourra évoluer vers du B ou du C. Ce qui fait une énorme différence pour le pronostic reproductif de la chienne. J'attend donc le verdict. J'en profiterai pour discuter avec le professeur Genevois des possibilités d'utilisation de cette méthode, de ses limites ainsi que des limites de l'autre. Je vais me documenter au maximum de façon à pouvoir éventuellement faire un article pour le Bas-Rouge, et pourquoi pas demander au professeur Genevois de venir faire un exposé en nationale d'élevage par exemple. Il n'est pas lecteur pour le Beauceron, mais l'est pour un très grand nombre d'autres races, et peut être considéré comme un des spécialistes européens de la dysplasie coxo-fémorale.
Sachant aussi que pour cette méthode, la triche est très facile, il suffit de ne pas vraiment forcer pour luxer la hanche, et le tour est joué.
Trop de chiens sont encore radiographiés sans anesthésie, ce qui masque la laxité et donc la dysplasie, et ensuite utilisés par des éleveurs de bonne foi qui se retrouvent avec des chiots dysplasiques sans comprendre comment. Trop de vétérinaires utilisent des artifices pour masquer cette laxité (élastiques autour des cuisses pour bien rentrer les têtes dans les acétabulums) avec les mêmes conséquences. Trop d'éleveurs n'ont pas encore compris l'intérêt d'éliminer cette saloperie de leurs lignées. Laly et d'autres pourront témoigner de la douleur que c'est, pour un propriétaire de chien de la taille d'un Beauceron, avec la pêche d'un beauceron, de voir son chien privé de course et de jeux à cause de cette saloperie.
Personnellement je suis blasée, j'ai une super et superbe petite chienne qui me laisse les meilleurs espoirs dans le mordant, et qui ne reproduira peut être pas (bien que pour le moment, je n'en sache rien, j'attend le verdict qui sera à confirmer par les radios en fin de croissance). C'est ma chienne, je la garderai et la ferai bosser quoi qu'il arrive, et je conserve encore l'espoir que Genevois contredise la dernière lecture avec de bonnes nouvelles. Mais je vais refaire porter Pandore, et essayer encore une fois de me trouver une de ses filles qui soit indemne. Je les placerai toutes en contrat, elles passeront toutes au pen-hip à 4 mois, je ne ferai reproduire que la meilleure. En espérant que cette fois soit la bonne. Je suis blasée, je suis dégoutée, je suis démoralisée et je commence à me demander à quoi sert de faire de l'élevage dans ces conditions...
Il est grand temps que le club de race se pose les bonnes questions au sujet de la dysplasie coxo-fémorale. 20 ans de dépistage basé sur une radio faite après un an, aucun progrès. Si la méthode est adaptée, elle est en tous cas totalement inefficace. Des chiens sont lus AA (phénotype : pas de prédisposition au développement d'arthrose) mais certains (beaucoup?) de ces chiens restent porteurs et retransmettent la dysplasie à leurs descendants. Cette méthode pen-hip permet de mettre en évidence les chiens génotypiquement améliorateurs, et pourrait (à confirmer) permettre de les utiliser sur des chiens légèrement atteints (del'ordre de B ou C) et permettre ainsi leur utilisation en reproduction. Eradiquer la dysplasie ne veut pas dire éradiquer la race en retirant la majorité des chiens de la grille de sélection.
Mais cette méthode a un certain nombre d'inconvénients :
- la triche est hyper facile. Il suffit de ne pas forcer pour luxer les hanches au maximum, et forcément on a un super indice. Donc inutile de la rendre obligatoire, ça trichera avec la complicité des vétos.
- elle est interdite d'utilisation puisque sous brevet, donc seul Genevois à l'école de Lyon (et les gens de son service) peuvent la pratiquer. Ce qui implique d'aller à Lyon, pas évident pour tout le monde.
- c'est sous anesthésie générale, sur un chiot mieux vaut prendre ses précautions (Bastet a été anesthésiée sous gazeuse pour plus de sûreté), donc c'est plus cher, et faut encore ajouter le prix des 3 radios (40 euros).
- c'est long, donc impossible de faire passer plusieurs chiens à la chaîne...(compter 1h 30 minimum juste pour les radios, ensuite faut interpréter)
Bref c'est réservé à des gens hyper motivés. C'est mon cas, donc je vais faire ça pour mes deux prochaines portées, et on verra ce qu'il ressort. Vu ces difficultés là, faire passer les chiens que l'on compte utiliser en repro au penhip, si on n'est pas leur propriétaire, c'est galère. Un chien âgé, mieux vaut ne pas prendre le risque anesthésique. Un chien loin de Lyon, jamais le proprio n'acceptera de se taper la route, etc.
Mais y a quand même une sacrée piste à suivre, je crois, qui me laisse une lueur d'espoir.
Dans l'immédiat, je tire les conséquences de cet échec : la portée de Shamane et Trick est reportée aux prochaines chaleurs. J'aurai d'ici là eu connaissance des lectures de dysplasie pour les 3 loulous qui restent, s'ils sont indemnes Shamane fera sa portée, s'ils sont tous gravement touchés alors inutile de la remettre à la reproduction, c'est qu'elle est porteuse et bien porteuse, et ce malgré sa radio des hanches parfaite.
Désormais, et c'est la deuxième conséquence, je n'utiliserai plus de chien B sur mes chiennes. Vu que les A ne peuvent même pas être considérés comme parfaitement indemnes, à moins d'avoir une chienne amélioratrice (ce qui ne semble pas être le cas), je ne peux pas reprendre ce risque. La portée de Pandore et Sénèque est donc annulée (les boules!), j'ai choisi Syrrius Namir des Gardiens de l'Ombre : dys A (avec des radios faites sous anesthésie générale à plus de 2 ans : acétabulums très enserrants, radios parfaites, tous les ascendants sont A, et son frère aussi, pas de données sur les autres collatéraux et descendants), ring I arrêté sur blessure après l'avoir validé, prometteur en mordant, caractère sain. Je monte le voir ce week end pour juger par moi-même, et j'attend les chaleurs de Pandore qui ne sauraient tarder pour l'utiliser. Parmi leurs chiots, TOUTES les femelles seront à placer en contrat, toutes seront dépistées par pen-hip de façon à pouvoir repérer celles qui sont génotypiquement indemnes, et parmi elles sera choisie celle qui reproduira, en fonction des autres critères : dans l'ordre aptitudes au travail, caractère, et enfin morphologie. Une, peut être deux si deux sont vraiment très biens, reproduiront, pas les autres. Parce que je veux choisir ma reproductrice en ayant toutes les données en main, et pas seulement un feeling à deux mois. Parce que j'en veux une qui soit amélioratrice vis à vis de la dysplasie, tout en ayant de bonnes aptitudes au travail, et parce que, ayant Bastet à la maison, je n'ai ni l'envie, ni le courage, ni le temps de reprendre un chiot dans 4 mois.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est peut être con comme proposition, mais tu ne peux pas avoir lecture de la radio du mâle ?

Pandore a dit…

Si, évidemment, mais rien ne te permet de savoir de quelle façon la radio a été faite (avec ou sans anesthésie, avec ou sans élastique autour des hanches, chez le premier véto venu ou après avoir fait des centaines de kilomètres pour aller chez "celui qui fait passer A un chien E", ni même si c'est le bon chien qui était sur la table de radio... Après il est bien évident que tout dépend de la confiance que tu fais au propriétaire du chien, et tous les vétos ne sont pas des pourris. L'idéal serait de pouvoir radiographier à nouveau les chiens moi-même avant de les utiliser, mais selon l'âge le risque anesthésique peut être trop grand. Ou les proprios refuser tout simplement..